|| CHAOS 2/2 ||

••• Les questions se bousculent:

• Par quelle mystérieuse logique peut-on expliquer qu'internet, parceque libre dans sa vocation, se doit absolument de bouleverser cette cohérence ?

• De quelle autorité certains disposent-ils de pouvoir décréter la mort de ceux des créateurs qui ne sauraient s'adapter à de prétendus nouveaux modèles économiques, qu'ils certifient inhérents à la révolution numérique, sans jamais le démontrer autrement que par l'incontestable suprématie du fait accompli ?

• De quel droit ordonne-t-on qu'hors du spectacle vivant, certes noble sans pour autant constituer la totalité de l'art, certes utile sans jamais pouvoir compenser les pertes subies à moins de pouvoir s'offrir, par renommée pré-établie, de colossales tournées mondiales, point de salut ?

• De quelle légitimité décrète-t-on qu'hors de la mise à disposition pleine et entière d'oeuvres enregistrées sans aucune contrepartie autre que l'espoir de déclencher un 'buzz' nourri sur l'omniprésence, l'omni-quotidienneté et l'omni-communicabilité myspacienne, facebookienne et twitterienne, hors de cette cyber-hyper-activité, de ce 'mes musiques, mes photos, mes vidéos, et moi et moi et moi' mis en ligne, point de salut ?

• Quelle culture prétendons-nous défendre dans un système qui oblige l'artiste à demeurer à jamais en première ligne à discuter du moindre de ses actes sur chacun des réseaux, de fournir sa 'marchandise' à une cadence dictée par le 'buzz', de se priver du temps de la réflexion, de la distanciation vis-à-vis de son oeuvre, du changement de cap ? Ne seraient autorisés à substister que des artistes en 'temps réel' ?

• Par quel cynisme certains profitent-ils du chaos pour soudain questionner la durée d'application du droit d'auteur, voire son existence même ?

• Comment en vient-on à ne voir en tout auteur, qu'un rentier passif, dont l'oisiveté bien chère payée n'aurait que trop duré ?

• Comment peut-on se prétendre épris des arts et de liberté et défendre la loi de la jungle, la domination du talentueux par le 'malin' ?

• Alimentée des mensonges non dépourvus d'intérêts de tout bord, la confusion numérique dans laquelle nous baignons ne nous incite guère à nous poser ces questions pourtant simples, et encore moins à y répondre. Il est temps, grand temps que nous nous réveillions.

••• Pour tenter d'y voir clair en me concentrant sur des faits qui, jusqu'ici, n'ont guère suscité de polémique, j'en suis arrivé à constater que la part exacte du téléchargement libre dans la 'crise du disque' échappe et continue d'échapper à toute estimation. Cette crise s'avère imputable à bien d'autres causes, dont mon propos n'est pas de dresser la liste exhaustive, ni d'en confronter l'importance les unes par rapport aux autres. Je me contenterai de souligner que, de ce chaos volontairement et involontairement entretenu, de ce formidable gâchis, de cette incroyable perte de temps, gaspillage d'énergie, et ruine avérée de biens des secteurs de la création, de ce tintamare dûment orchestré, quelques agents économiques ayant pignon sur rue ont cependant accumulé bien silencieusement, continuent à accumuler sans bruit, et accumuleront encore longtemps de gigantesques profits, en toute quiétude, au su, au vu, voire à la célébration de tous, dans le plus grand respect de la loi. Apple, Google, les plus sexy des icônes de l'anti-conformisme et de la modernité. Je défie cependant quiconque jouissant d'un accès internet ultra-haut débit, ou possédant un iPod 160 Giga, d'avoir comme projet de l'utiliser ou de le remplir exclusivement de musique et video 'légalement' acquises ...

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Sun, Jan 3, 2010

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