••• Je ne suis ni Hugo, ni Zola, et jamais je ne prétendrai avoir une once de leur génie. Mais je ne puis que m'inspirer d'un célèbre "J'accuse" pour énoncer le plus clairement possible la révolution des esprits à laquelle mes reflexions ainsi exposées m'ont amené. Qu'il me soit excusé, par avance, d'avoir osé emprunter cette figure de style, émanant de l'honorable homme de lettres qu'Emile Zola fut, mais aussi de l'homme politique que cet acte fondateur transforma, pour avoir si noblement dénoncé l'ignominie de la pire des injustices, en l'un des plus explicites piliers de nos valeurs de civilisation.

J'EN APPELLE A TOUTES ET A TOUS ...

••• J'en appelle à toutes et à tous, politiques, économistes, juristes, média, artistes et associés, internautes de base, à cesser les vaines hostilités fratricides qui ne nous mènent nulle part, à comprendre enfin l'étendue des dégâts et des ruines sur lesquels certains d'entre nous - FAIs, fabricants de lecteurs multimedia à la mode, moteurs de recherche incontournables, hébergeurs multimedia gratuits, réseaux sociaux planétaires, etc - ont bâti leur empire, sans peur et sans partage. Je nous appelle à réunir nos efforts pour un projet porteur d'avenir, basé sur une action positive plutôt que sur la répression, sous quelque forme qu'elle soit, de ceux qui, par millions se voulant mélomanes donc amoureux des arts, se sont fait sans le vouloir les alliés objectifs de nouveaux maîtres encore moins soucieux d'oeuvrer pour la culture que les majors dont ils ont eu beau jeu de dénoncer l'avidité.

••• J'en appelle à tous et à toutes de réaliser que ce que les media ont décrit comme une guerre entre artistes et internautes, n'est en fait qu'un jeu de massacre que se livrent majors et fournisseurs de tuyaux et de mémoire, usant des artistes et des internautes comme d'un glaive et d'un bouclier, faisant d'eux, à terme, les ultimes victimes. Il est de l'intérêt de tous que ce jeu prenne fin, car il pourrait bien n'en résulter qu'un massacre, bien réel celui-là.

••• J'en appelle à toutes et à tous d'opérer une véritable révolution interne, une révolution des consciences, qui consiste à comprendre enfin que ce qui a légitimement pu être qualifié de vol, ne l'a été que dans la mesure où l'ayant-droit n'était pas rémunéré; que dès lors que rémunération il peut y avoir, il doit légitimement y avoir, quand bien même le consommateur final ne serait pas le payeur direct, comme c'est le cas dans bien des modes de consommation courante, des produits culturels comme des non-culturels.

••• J'en appelle à toutes et à tous de cesser d'échafauder les mesures coercitives de toutes sortes à l'égard de l'internaute 'libre-téléchargeur': voies sans issue en tout point comparables à la répression en matière de virus informatique, elles sont toutes vouées à l'échec tôt ou tard, juridiquement comme technologiquement, sans jamais pouvoir répondre à la question essentielle: celle de la juste rémunération de l'exploitation de la création numérisée, pourtant toujours possible.